Une pause, enfin ! Et quand je dis pause, je ne pense pas à une petite pause, oh que non ! Le Spring Break je l’attendais et le voilà ! Certes, je n’ai pas la moindre idée de ce que ces quelques jours aux Bahamas me réservent mais, très sincèrement, je m’en moque. Je veux seulement passer du bon temps, me vider la tête, oublier tous mes soucis ne serait-ce que pour un temps. En temps normal j’aurais favorisé mes études et je serais restée à Yale afin de réviser mais … je ne suis plus comme ça maintenant, pas avec tout ce par quoi je suis passée ces derniers mois. La nouvelle Zoya a envie de tenter de nouvelles choses, de vivre de nouvelles expériences et n’y a-t-il pas mieux que le Spring Break pour ça ? Les Bahamas me rappellent mon pays natal et éveillent une pointe de nostalgie alors que j’arrive à l’hôtel en compagnie d’autres étudiants. Ma réaction une fois sur place ? Ma mâchoire manque de tomber et je perds mon souffle. C’est majestueux et je trouve le mot encore trop faible pour qualifier l’endroit. Même si je n’ai jamais eu à me plaindre ma vie, je n’ai jamais été habituée à tant de luxe si bien que je ne peux pas m’empêcher de tout regarder en gagnant ma chambre. Je n’ai pas la moindre idée de qui sera mon colocataire ou ma colocataire, mais je n’y pense même pas une fois dans la chambre. Je laisse mon sac tomber au sol avant de m’avancer dans la pièce pour ensuite gagner le balcon au-dessus duquel je me penche pour admirer la vue jusqu’à ce que l’ouverture de la porte de la chambre m’oblige à me retourner. Abandonnant donc le soleil, je retourne à l’intérieur de sorte à découvrir avec qui je vais partager la pièce et, comme la première fois, j’ai l’impression de faire face à mon reflet dans le miroir. « Emma … » Oui, Emma. Ma sœur jumelle. J’ai encore du mal à me faire à cette idée, au fait que ma vie n’est qu’un mensonge, que ma famille n’est pas ma famille et que le destin semble vouloir s’acharner sur moi. « La réception ne manque pas d’humour. » Me mettre avec ma sœur jumelle, quelle bonne blague … En réalité je n’ai rien contre elle hormis que nous sommes totalement différentes – du moins c’est ce que je pense pour le moment – et que la dernière chose que je souhaitais était de penser à l’humour de mauvais goût qu’à ma vie.
Le Spring Break tant attendu était enfin arrivé ! J'étais plus qu'excitée à l'idée de partir aux Bahamas pendant quelque temps pour oublier tout ce qui c'était passé durant ces derniers mois. J'avais besoin de me ressourcer et de me recentrer sur mon moi intérieure : Conneries qui dit ça de nos jours ? J'étais venue pour m'éclater, boire, faire la fête, coucher avec le premier venue : vivre quoi ! Après de longues heures passées dans l'avion à refaire ma manucure, mon make-up, lu plus de 10 magazines de modes, embêter mes voisins et draguer quelques steward j'avais enfin atterri sur cette terre bénit par tous les Yalies. L'hôtel était encore plus beau que je ne le pensais et avec toutes ses piscines et ce soleil, j'étais sûre de parfaire mon bronzage. Je me dirigeais vers le hall pour prendre ma clé tout en postant quelques photos sur instagram. Lunettes de soleil vissées sur le nez, iphone en main c'est ainsi que j'arrivais dans ma chambre qui était plus spacieuse que sur les photos trouvées sur le net. Je pensais être seule dans ma chambre mais c'était sans compter la présence d'une blonde qui ressemblait en tout point à...moi-même à vrai dire. « Emma … ». Zoya, ma sœur jumelle qui m'avait été cachée jusqu'à maintenant était debout devant moi. Notre dernière entrevue datait du bal de la saint-valentin qui avait été catastrophique pour moi. C'est pas que je ne l'aimais pas mais elle c'était vraiment mon opposé, à mes yeux elle était indifférente.« La réception ne manque pas d’humour. » Qu'elle était drôle en plus... pathétique. « Ne vas pas croire que comme nous sommes sœurs jumelles tout va être rose, on ne vit pas dans le monde des bisounours je te rappelle. Je fais ma vie, tu fais la tienne. » dis-je en déposant mes bagages à côtés de l'immense dressing. Elle semblait si conservatrice, elle me rappelait tellement ma tante et ses préjugées de bourgeoise coincée.
Dernière édition par Emma D. Catalán le Lun 21 Avr - 23:10, édité 1 fois
Pour ce qui est de lui faire un bon accueil c’était raté, mais la surprise venait de me prendre de court, je n’ai pas pu faire autrement. Très sincèrement, j’aurais préféré finir avec n’importe qui d’autre que ma sœur jumelle. Je ne la déteste pas à proprement dit mais la voir tous les jours me forcera à réaliser certaines choses auxquelles j’évite de penser depuis que nos routes se sont croisées. Il est assez difficile pour moi de digérer le fait que toute ma famille n’est pas, à proprement parler, ma famille. Je ne suis pas une véritable Paolucci-Whiteland. Mes sœurs ne sont pas mes sœurs. Nolan n’est pas mon frère. Tout mon passé n’est qu’un mensonge et, au final, je ne sais même pas qui je suis vraiment. Il est vrai que ce que j’ai vécu autrefois reste réel, mais … trop de doutes m’envahissent lorsque je pense à toute cette histoire. J’aurais très bien pu confronter mes parents, mais quelque chose me dis que sur les deux, seule ma mère est au courant de la vérité et puisque je ne veux pas blesser mon père je préfère retarder l’échéance. Bref, en clair la présence d’Emma réveille en moi bien trop de démons et c’est la véritable raison pour laquelle je ne suis que très rarement ravie de l’avoir dans les parages. L’écoutant, j’arque un sourcil et croise les bras contre ma poitrine tandis qu’elle pose ses bagages près du dressing. « J’ai l’air de vivre dans le monde des bisounours peut-être ? » Questionne-je avec tout le sérieux dont je suis capable. Non mais franchement, Emma ne fait rien pour que je parvienne à l’apprécier et si j’avais le courage de me jeter du balcon pour lui échapper, je le ferais. « Ça me convient parfaitement. » Dis-je quant au fait de mener notre vie chacune de notre côté. Pour le prouver je me suis dirigée vers mes bagages que j’ai porté jusqu’au lit que je me suis choisie et j’ai commencé à déballer mes affaires pour finalement pousser un soupire et de nouveau faire face à Emma. « Tu peux m’expliquer ce que je t’ai fais ? C’est vrai quoi, ce n’est pas comme si j’avais fais en sorte qu’on soit sœurs … ça tombe aussi violemment sur toi que sur moi je te signal. » Après tout, étant donné la surprise peinte sur nos deux visages le jour de notre rencontre, aucune de nous deux n’avait prévu quelque chose d’aussi gros alors pourquoi être si … sèche avec moi ?
C'est vrai que je n'étais pas vraiment à l'aise avec toute cette histoire d'adoption parce qu’au final toute que j'avais cru vrai n'était enfaite qu'un pur mensonge. Ma vie n'avait été qu'un mensonge et je jouais le rôle principale dans toute cette mascarade. Je ne m'étais pas permis de trop y penser parce que sinon j'allai partir dans plusieurs théories inexplicables. Finissant de débarrasser ma valise, je sortis une petit bouteille de Manzana, cachée entre mes vêtements. Je bus une gorgée avant de regarder Zoya s'exprimer : « J’ai l’air de vivre dans le monde des bisounours peut-être ?» dit-elle en croisant les bras. Elle voulait se donner une attitude qu'elle n'avait pas du tout. Je ne pris même pas la peine de lui répondre puisque je savais très bien que j'avais raison. Elle prit son sac à son tour et déballa tout sur son lit tout en acceptant le deal que je venais de lui dire. « Ça me convient parfaitement.» Soupirant de nouveau elle s'arrêta dans son élan pour me faire face : « Tu peux m’expliquer ce que je t’ai fais ? C’est vrai quoi, ce n’est pas comme si j’avais fais en sorte qu’on soit sœurs … ça tombe aussi violemment sur toi que sur moi je te signal.» Me jetant sur le lit je vérifiais mes messages sur mon iphone tout en lui parlant d'un air désinvolte : « A vrai dire je n'apprécie pas avoir une sigma bonne sœur pour jumelle. Si je m'étais un jour imaginé avoir une sœur jumelle je ne l'aurais pas imaginé à l'opposé de mon caractère. » Bon c'est vrai que je ne la connaissais pas, voire pas du tout mais à vu d’œil elle n'était pas du tout comme moi. Rien que son choix de confrérie me prouvait que j'avais raison.
Bon dieu mais comment une telle chose est-elle possible ? Comment est-il possible que nous soyons aussi différente ? Est-ce que l’éducation est la seule explication ou y a-t-il autre chose ? Je n’en ai pas la moindre idée et même si j’aurais préféré ne pas m’en préoccuper je dois dire que j’aimerai tout de même assez avoir une réponse. Pourquoi Emma est-elle aussi exécrable avec moi ? Ce n’est pas comme si j’avais manigancé toute cette histoire, loin de là. Tout comme elle je me retrouve avec cette bombe entre les mains, une bombe qui vient briser tout mon passé. On m’a menti depuis ma naissance, à moi et au reste de ma famille en fait. De plus, si je me sentais un peu comme le vilain petit canard jusqu’à présent c’est encore plus le cas maintenant. Nolan n’est même plus mon frère et mes sœurs ne sont pas mes sœurs. J’ai grandi au sein d’une famille bien compliquée à laquelle je me suis adaptée avec les années grâce à l’amour que je leur porte à tous et parce qu’il s’agissait de ma famille et maintenant … maintenant quoi ? Que me reste-t-il ? Plus que des questions et une sensation de malaise au plus profond de mon être. Alors qu’elle arrête de se comporter comme elle le fait avec moi car il n’y a pas elle qui pâti de cette histoire ce que je ne tarde pas à lui faire comprendre et sa réponse ne fait qu’augmenter ma colère. « C’est quoi ce préjugé à deux balles ? Tu ne connais rien de ma vie, je ne te permets pas de me juger comme tu le fais. » Grince-je sans la quitter des yeux et incapable de canaliser mon agacement. Et puis elle ne pouvait pas lâcher son portable en me parlant ? « Tu crois que moi j’ai envie d’avoir une sœur comme toi ? Bordel, mais tu peux pas lâcher ce truc cinq minutes ? » M’exclame-je avec l’envie furieuse de briser la distance nous séparant pour attraper son iPhone et le lancer par la fenêtre, mais je suis parvenue à me retenir. « Franchement, il vaut peut-être mieux mon caractère que le tiens de ce que je vois. » Ou pas, mais ça je vais éviter de le lui dire. Je ne suis pas un modèle et je n’en serais jamais un mais puisque je suis en colère autant que je me mette en avant pour une fois.
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